DMLA humide, un nouvel espoir de traitement

Aucun lien a priori entre Parkinson et la DMLA ? En fait, si ! Un traitement utilisé pour la pathologie neurodégénérative pourrait aussi être efficace pour ralentir la progression de la dégénérescence maculaire liée à l’âge, dans sa forme « humide ». Les explications du Dr Thibaud Mathis, chercheur à l’université Lyon 1 et à l’Institut de la vision, ophtalmologiste à l’hôpital de la Croix-Rousse – Hospices civils de Lyon.
Au centre de la rétine, la macula est très vulnérable. Son usure entraîne une perte de la vision centrale. La DMLA a deux formes : sèche et humide, où de nombreux vaisseaux sanguins se développent autour et en arrière de la macula. « Une étude américaine avait montré que les personnes ayant la maladie de Parkinson développaient moins fréquemment une DMLA humide (ou néovasculaire) que le reste de la population. Mais elle n’expliquait pas les mécanismes. C’est donc l’objectif que nous nous sommes fixé », raconte le Dr Thibaud Mathis. Son équipe, composée de chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de Sorbonne Université à l’Institut de la Vision à Paris, a montré chez des modèles murins que la L-Dopa, médicament de la famille des dopaminergiques, « active un récepteur spécifique sur les vaisseaux, appelé DRD2. Cette activation du DRD2 bloque la formation de nouveaux vaisseaux sanguins dans l’œil. » La L-Dopa vient donc « contrarier » le processus en cours dans le développement de la DMLA neovasculaire. Les chercheurs ont aussi montré que les patients qui prenaient de la L-Dopa ou d’autres médicaments inhibant le récepteur DRD2 pour traiter leur maladie de Parkinson développaient la DMLA néovasculaire plus tard dans leur vie (à 83 ans, contre 79 ans pour les autres patients), et nécessitaient moins d’injections intravitréennes. Ces résultats ont été publiés* en juillet 2024 dans la revue The Journal of Clinical Investigation.
Objectif : réduire les injections dans l’œil
Seule la forme humide dispose aujourd’hui d’un traitement. Il s’agit d’injections directement dans l’œil, avec une aiguille très fine, sous anesthésie locale, d’un médicament dit anti-VEGF (vascular endothelium growth factor), qui va bloquer le développement des néovaisseaux. « En raison de la fréquence des piqûres, mensuelles ou bimestrielles, ce traitement peut être lourd pour certains. Notre volonté est de leur proposer une alternative, la L-Dopa. » Prochaine étape, une étude avec des patients souffrant de DMLA humide. Si les premiers résultats étaient confirmés, les patients pourraient bénéficier, d’ici quelques années, d’un traitement efficace, et surtout, moins contraignant. Affaire à suivre.
*https://www.jci.org/articles/view/174199