Le bruit au travail, un vrai fléau

A travers une étude* récemment dévoilée, Santé publique France dresse un état des lieux de l’exposition professionnelle au bruit dans notre pays. En voici les principaux enseignements.
Trop de bruit nuit à la santé. En dessous de 80 dB pendant 8h de travail, rien de grave. Les effets auditifs, comme les acouphènes, ou extra-auditifs, comme le stress, la fatigue, ou les troubles cardiovasculaires, sont alors réversibles. Mais au-delà de 80 dB, les conséquences peuvent être bien plus fâcheuses. Le niveau est alors dit « lésionnel », ce qui signifie que les atteintes sont potentiellement irréversibles. Et peuvent, dans les cas les plus sévères, mener à la surdité. Le chiffre le plus marquant de cette étude, c’est probablement celui-ci : en 2019, plus de 5 millions de travailleurs étaient exposés au bruit (un niveau sonore supérieur à 70 dB sur 8 heures), soit 20,5% de l’ensemble des travailleurs. 70 dB, c’est le niveau à partir duquel le bruit est considéré comme pouvant être fatigant. C’est dans un environnement à ce niveau sonore qu’il faut commencer à forcer la voix pour avoir une conversation normale. Sur ces 5 millions de travailleurs exposés au bruit, 35,8% faisaient face à un niveau lésionnel (>80 dB).
Les hommes en première ligne
Les hommes représentent 80% des travailleurs exposés au bruit. Sans surprise, c’est le secteur du bâtiment et des travaux publics qui compte le plus grand nombre de travailleurs exposés (Plus d’1,3 millions de personnes), dont 53,7% à un niveau lésionnel. Le secteur « transports, logistique et tourisme » est en deuxième position, avec 807 000 personnes exposées. S’il compte moins de travailleurs que les deux premières familles, le secteur de la mécanique et du travail des métaux est celui qui concentre la proportion de travailleurs exposés au bruit la plus importante : 77,9%, dont 67,1% le sont à un niveau lésionnel. Les experts n’ont pas remarqué d’évolution notable sur la période étudiée (2007-2019). En désignant les travailleurs les plus exposés aux nuisances sonores, cette étude a pour premier objectif d’aider les acteurs de terrain à prévenir les risques en équipant les travailleurs d’Equipement de Protection Individuel et en les sensibilisant régulièrement. De quoi, si ce n’est éviter, du moins limiter, toutes les conséquences liées à cette exposition non choisie au bruit : fatigue, irritabilité, stress, troubles du sommeil, acouphènes, surdité… Une question de santé publique absolument essentielle.
*https://www.santepubliquefrance.fr/docs/l-exposition-professionnelle-au-bruit-en-france-en-2019