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Le point sur… Les vertiges

Avoir la sensation d’être dans une machine à laver pendant quelques secondes, quelques heures ou quelques jours : assurément, la vie des personnes souffrant de vertiges n’a rien d’un long fleuve tranquille. D’où viennent ces vertiges ? Quels sont les traitements ? Éléments de réponse avec le Dr Yohan Ejzenberg, médecin ORL à l’hôpital Fondation de Rothschild, à Paris.

Le cerveau est un organe incroyable, une sorte de chef d’orchestre de notre organisme. Parmi ses multiples rôles, c’est en grande partie lui qui nous permet de tenir debout sans flancher. Il reçoit des informations en simultané de plusieurs endroits différents : du système vestibulaire, qui se trouve dans l’oreille interne, des yeux et des capteurs proprioceptifs (muscles, articulations…). Lorsque l’un de ces trois éléments dysfonctionne, le cerveau ne comprend pas ce qui arrive et se dérègle. Apparaissent alors des vertiges. « Le vertige, c’est une illusion de mouvement de ce qui nous entoure, ou une sensation erronée de déplacement de soi-même dans l’espace », précise le Dr Yohan Ejzenberg. « Le mouvement ressenti peut être celui d’une rotation -le patient a l’impression qu’il tourne, ou que la pièce tourne-, ou une sensation de tangage, ou d’instabilité, comme sur un bateau. » Ces vertiges peuvent durer de quelques secondes à plusieurs heures, arriver une seule fois dans la vie du patient, ou se répéter encore et encore.

Les VPPB, déstabilisants mais bénins

Il n’existe pas un, mais de multiples vertiges. Les plus fréquents sont les vertiges positionnels paroxystiques bénins (VPPB)« Ils sont dus au déplacement d’otolites -des cristaux microscopiques présents dans l’oreille interne au sein du vestibule-, dans les canaux semi-circulaires de l’oreille interne. » Le vertige est déclenché par un changement de position, par exemple quand la personne va se lever, en s’allongeant ou en se retournant dans le lit. Le patient a alors une illusion de mouvement, un vertige rotatoire qui peut être intense mais généralement bref (moins d’une minute). S’il peut être angoissant, le VPPB reste heureusement bénin.

Maladie de Ménière, névrite vestibulaire et autres causes de vertiges

  • La maladie de Ménière associe crises de vertiges continus et prolongés pendant vingt minutes à quelques heures, une perte progressive de l’audition dans une seule oreille et des acouphènes. La maladie de Ménière « provoque d’intenses crises de vertiges rotatoires. » Ces crises peuvent se répéter, et abîmer progressivement l’audition. La maladie est due à un déséquilibre de la pression des liquides contenus dans l’oreille interne.
  • « La névrite vestibulaire, elle, est une crise de vertiges sans atteinte de l’audition associée. Elle se matérialise sous forme d’intenses vertiges rotatoires, qui vont durer plusieurs heures, voire plusieurs jours, avant de régresser progressivement. En général, la personne ne va connaître qu’un seul épisode de névrite vestibulaire dans toute sa vie. »
  • D’autres causes de vertiges sont plus rares. C’est le cas du neurinome de l’acoustique, une tumeur non dangereuse qui se développe au niveau d’un nerf du conduit auditif interne, en particulier le nerf vestibulaire inférieur. Certains médicaments dits ototoxiques (toxiques pour l’oreille) peuvent également provoquer des vertiges, tout comme un traumatisme crânien.
Schéma de l'oreille
© Description anatomique de l’oreille. Dessin Michel Saemann – Archives Larousse.

Quand consulter ?

« Le plus souvent, lors d’une première crise de vertige aigu, les patients ont tendance à se rendre aux urgences. Et ils ont raison ! Cela permet au médecin d’écarter de potentielles causes plus graves, comme un accident vasculaire cérébral. Dans un deuxième temps, un examen avec un médecin ORL sera souvent préconisé pour trouver l’origine du vertige. » En cas de doute, mieux vaut donc composer le 15. Surtout quand les vertiges sont associés à d’autres signes, comme de forts maux de tête, des troubles de la vision, ou qu’ils font suite à un traumatisme crânien. Quand les vertiges sont chroniques, il n’y a pas de caractère d’urgence, mais il reste important de consulter dans les jours qui suivent la crise un ORL, pour poser un diagnostic précis et recevoir la prise en charge la plus pertinente.

Toute une palette de traitements

« Les traitements dépendent évidemment de la cause du vertige. Pendant la crise, des médicaments antivertigineux, voire antinauséeux si nécessaire, peuvent être pris. » Un des outils pour atténuer, voire faire disparaître ces vertiges, se nomme rééducation vestibulaire. « Elle est pratiquée par des kinésithérapeutes formés, ou des médecins ORL spécialistes des vertiges. » Elle peut notamment aider à régler le problème des VPPB. Comment ? En pratiquant des manipulations de la tête du patient (dites manœuvres libératoires), des gestes rapides qui vont permettre d’évacuer ces petits cristaux du canal semi-circulaire où ils se sont accumulés. L’objectif est de replacer à nouveau les otolites au sein du vestibule. Les récidives sont possibles, même plusieurs années après le premier épisode, mais elles se traiteront alors aussi facilement.

Simuler l’inconfort pour aller mieux

Pour d’autres vertiges, par exemple ceux liés au vieillissement physiologique du système vestibulaire, des séances de rééducation avec un kinésithérapeute auront pour but de simuler l’inconfort. Autrement dit, habituer le patient à vivre des situations non évidentes, parce qu’elles lui donnent le tournis, et parfois la nausée… pour mieux les affronter dans la vie réelle. Un exercice peut par exemple consister à se mettre en équilibre sur une seule jambe, les yeux ouverts, puis fermés. Le patient peut aussi être assis sur un fauteuil rotatoire, tournant très vite. Dès que le fauteuil s’arrête, il doit fixer une cible du regard. Pas toujours agréable, mais efficace pour, après quelques séances, reprendre le contrôle sur ses troubles de l’équilibre. « La maladie de Ménière, elle, se traite avec de la rééducation, et des médicaments, qui vont permettre de diminuer la fréquence des crises. En deuxième intention, des injections transtympaniques de corticoïdes peuvent être proposées. »